La Journée mondiale des toilettes sensibilise le public au problème des toilettes et attire son attention sur les 3,5 milliards de personnes qui n’ont pas accès à des installations sanitaires sûres. Elle vise à lutter contre la crise mondiale de l’assainissement afin d’atteindre l’Objectif de développement durable (ODD) n° 6, qui est de garantir un accès universel à l’eau et à l’assainissement d’ici à 2030.
La journée mondiale des toilettes est célébrée le 19 novembre de chaque année. Le thème de cette année est « Accélérer le changement ». En effet, la crise mondiale de l’assainissement à laquelle fait face le monde perdure depuis plusieurs années et à ce jour, nous sommes très loin d’atteindre l’ODD 6.
Les gouvernements, les institutions et chacun d’entre nous doit faire ce qui est à son pouvoir pour contribuer à accélérer les progrès nécessaires pour résorber cette crise.
La contribution de l’Institut 2iE pour faire face à la crise de l’assainissement
L’Institut 2iE travaille depuis plusieurs années à trouver des solutions pour faire face à cette crise de l’assainissement. Les chercheurs du Laboratoire Eaux Hydro-Systèmes et Agriculture (LEHSA) de l’Institut ont développé une technologie de toilette à compost destinée aux ménages en milieu rural. Un guide de construction et d’utilisation de cette toilette a été élaboré et diffusé en 2020 (https://www.2ie-edu.org/guide-de-construction-et-dutilisation-dune-toilette-a compost-destinee-aux-menages-en-milieu-rural-au-burkina-faso/).
D’autres travaux des chercheurs du LEHSA ont permis d’effectuer deux publications scientifiques en 2023 sur les stratégies d’assainissement à adopter dans les communautés en zones rurales d’Afrique.
La 1ère publication est disponible via le lien https://doi.org/10.1016/j.ijheh.2023.114160
Elle est basée sur une revue de la littérature et une enquête menée au Burkina Faso concernant la défécation à l’air libre (DAL). La DAL est l’une des pratiques sanitaires les plus répandues dans les pays à faible revenu. Cette pratique est souvent à l’origine de maladies diarrhéiques qui conduisent à plus de 760 000 décès par an au niveau mondial. Pour éradiquer la DAL, plusieurs approches ont été développées, notamment l’assainissement total piloté par la communauté (ATPC), qui est une approche participative et communautaire. La spécificité de l’ATPC est qu’elle est gérée par la communauté elle-même et qu’aucune subvention ou contribution financière extérieure à la communauté n’est utilisée pour la construction des installations. Bien que l’ATPC soit efficace à court terme pour éradiquer la défécation à l’air libre, les résultats à long terme ne sont pas encourageants : les communautés qui ont abandonné la DAL reviennent à cette pratique ou n’utilisent les latrines que partiellement. La présente étude a été menée pour fournir une compréhension globale des facteurs qui affectent la durabilité des projets d’assainissement en milieu rural utilisant l’approche ATPC. Il a été constaté que ces facteurs peuvent être regroupés en cinq catégories : les facteurs comportementaux et sociaux, technologiques, organisationnels, de vulnérabilité et sociopolitiques. La prise en compte des facteurs sociopolitiques dans l’approche ATPC est une contribution des auteurs. Dans le cas du Burkina Faso, ce facteur met en exergue l’effet de la situation sociopolitique qui cause de nombreux déplacés internes, ce qui affecte la mise en œuvre et la durabilité des projets ATPC. Les auteurs ont proposé une synthèse graphique de tous les facteurs de dérapage et de leurs catégories associées dans les communautés ayant obtenu le statut de Fin de défécation à l’air libre (FDAL). Ils ont également fait des suggestions à l’endroit des bailleurs de fonds et des gouvernements pour maintenir le statut FDAL des communautés.
La 2ème publication est disponible via le lien https://doi.org/10.3390/su151511945.
Elle aborde la question de l’acceptation sociale des projets d’assainissement utilisant une approche participative et communautaire. En effet, afin de mettre fin à la défécation à l’air libre et de promouvoir de bons comportements en matière d’hygiène dans certaines communautés, plusieurs gouvernements de pays à faibles et moyens revenus ont mis en œuvre plusieurs stratégies d’assainissement dont la majorité utilise l’approche ATPC (Assainissement Total Piloté par la Communauté). Cette approche est centrée sur la volonté de la communauté à adopter les pratiques qu’elle préconise et en dépend fortement. Cependant, les facteurs déterminants de l’acceptation ou du refus de ces pratiques par une communauté pendant et après la mise en œuvre de l’ATPC ne sont pas clairement définis. L’objectif de cet article est de mettre en évidence et de classer ces facteurs afin d’accroître la durabilité de l’approche. S’il existe dans la littérature une méthodologie pour les facteurs d’acceptation de technologie, il n’en existe pas pour les normes sociales. Cet article propose une méthodologie en vue de combler ce gap. À l’issue du déploiement de la méthodologie auprès des acteurs de l’ATPC et des communautés rurales du Centre-Ouest du Burkina Faso, il en ressort que l’acceptation des normes sociales prônées par les approches participatives, en particulier l’ATPC, est liée à 5 catégories de facteurs : environnementaux, sociaux, de gouvernance, territoriaux et économique. Les facteurs environnementaux ont obtenu le plus gros score (score =592) suivi des facteurs sociaux (390), de gouvernance (247), territoriaux (189) et économique (15). La prise en compte de ces facteurs dans la conception et la mise en œuvre des futurs projets d’assainissement améliorera leur efficacité et la pérennité des résultats engendrés.
D’autres travaux en cours au niveau de l’Institut 2iE permettront notamment d’adresser la problématique de l’acceptabilité à large échelle des toilettes sèches à compost.
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